Chez certains, c’est culturel. En Russie par exemple, si un enfant ne marche pas à 12 mois, c’est qu’il y a un problème. Ne riez pas, nous ne sommes pas mieux. La pression se fait plus tard, mais elle est omniprésente. On passe très vite, dès les 14-15 mois, d’un « Alors ? Toujours pas ? Oh, ça viendra… » un peu innocent, à un « Vous devriez peut-être aller voir un spécialiste, il doit y avoir un problème, là », une fois les 18 mois passés.
On a beau dire et répéter qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, rien à faire, les pédiatres continuent à voir défiler une légion de parents, blêmes, regardant leurs enfants avec inquiétude. Florilège des questions qui hantent le plus les parents.
Il ne marche pas à 18 mois, est-il normal ?
Nous vous épargnerons les considérations philosophiques sur ce qu’est la normalité. En tant que parent, on se pose des questions quand un bébé ne marche pas autour de 19-20 mois. Mais il n’y a rien d’alarmant a priori. Il est important de bien regarder l’enfant dans sa globalité. Il ne marche pas, d’accord. Mais il se tient assis, il papotte, communique… Il faut voir plus loin. Dans la majorité des cas, ce n’est pas grave si l’enfant marche tard. Il est très important de ne pas stresser et de ne pas se laisser emporter par une pression normative, inutile. On devrait faire attention à d’autres choses, à son contact aux autres, par exemple.
Il est amorphe, il y a un problème ?
Autre inquiétude, l’enfant un peu apathique. Y a t-il matière à angoisse ? Là encore, tout dépend de l’enfant. Un petit bonhomme qui bouge peu, mais qui est tout à fait souriant, attentif, ouvert sur son petit monde, ne présente pas de signes d’alerte quant à son développement psychomoteur. En revanche, un enfant habituellement actif qui brutalement change de comportement doit attirer l’attention. L’un ou l’autre comportement n’est pas un signe d’inquiétude. Il faut toujours rester attentif et en parler au médecin. Le développement du langage, par exemple, est un très bon indicateur.
Il ne marche pas à quatre pattes, c’est grave ?
Pour beaucoup de parents, l’acquisition de la marche est un processus qui passe par des étapes bien marquées. On rampe. On marche à quatre pattes. On se redresse. Évidemment, en matière de développement, chacun sa méthode, comme nous le rappelle la pédiatre. Des enfants passent par cette étape, d’autres non. En réalité, la vraie question est : faut-il forcer l’enfant à se mettre dans telle ou telle position ? Les psycho motriciens sont divisés. Je pense que s’il n’est pas grave de mettre de temps à autre un enfant sur le ventre ou d’anticiper sur l’étape d’après, ce n’est pas dramatique. En revanche, s’acharner ne sert à rien. Le trotteur, par exemple, est à éviter. Il n’est pas utile et est souvent cause d’accidents. Il faut toujours relativiser, mais les parents doivent être écoutés.
Il tombe tout le temps, mauvais signe ?
Votre enfant est un vrai petit casse-cou. Il ne tient pas sur ses pattes et dégringole sans arrêt. S’il tombe beaucoup, il peut être intéressant de s’assurer que votre petit voit bien et entend correctement. Autre point d’attention, un petit qui ne tombe pas et se met à tomber de plus en plus, c’est à contrôler. Encore une fois, que les parents ne paniquent pas vainement. Si vous avez un petit intrépide, un fonceur, c’est tout à fait normal qu’il tombe ».
Il est trop gros pour se soulever ?
Bien nourri, en bonne santé, votre joli bébé joufflu ne muterait pas en homo erectus alourdi par son poids ? En effet, un poids lourd pourrait ralentir le processus. C’est une question de bon sens. Ça ne fera pas une différence énorme. Il marchera peut-être juste un peu plus tard que la moyenne. On attend et on voit ce qui se passe. Attention à ce que l’on appelle ‘trop gros’. Gare aux parents trop chiches et, à l’inverse, gare aux parents qui gavent trop leurs enfants. Cet exemple est intéressant, parce qu’il montre qu’on ne peut pas donner de conseils généraux. N’oubliez pas que le meilleur observateur de l’enfant, celui sur lequel vont s’appuyer tous les spécialistes, c’est le parent. Il est important de ne pas le nier. Important de ne pas amplifier, non plus. Restez rationnels. Le meilleur conseil, c’est qu’en cas de doute, vous notez toutes vos questions sur un papier pour les poser à votre médecin. Une fois que vous avez obtenu les réponses, vous pouvez relativiser et pleinement profiter de voir votre enfant grandir. Rassurés et sereins.