Ma fille porte des lunettes depuis trois semaines. Elle était super-contente de devoir en porter comme sa grande copine. En plus, elle a flashé sur un modèle rouge et fuchsia qui lui va bien. Elle m’a beaucoup aidée à accepter ses lunettes. Pour moi, c’était dur. Je trouvais son visage complètement changé avec ses lunettes. Maintenant, je m’y suis habituée. C’est quand elle les enlève que ça me fait bizarre, ajoute la maman sur sa fille de 5 ans.
Fini, la période des enfants terrorisés à l’idée d’être le binoclard dont tout le monde se moque en classe. Aujourd’hui, porter des lunettes, c’est fun et même joli. Quand un enfant doit porter des lunettes, je constate que ce sont surtout les parents qui sont mal. Certains pleurent dans le magasin alors que l’enfant joue ou dessine tranquillement. Mon boulot d’opticien, c’est parfois de détendre les parents, de rendre les choses agréables et ludiques, confie l’opticien.

Merci qui ? Merci Harry !

Il y a vingt ans, porter des lunettes, c’était la galère pour les enfants, car c’était moche. Et puis, il y a eu Harry Potter. Il portait des lunettes rondes et il était adorable comme ça. Dans la foulée, on a vendu plein de lunettes qui transformaient les enfants en magiciens. Parallèlement à ce phénomène, la technologie verrière a évolué et propose des choses très jolies (et d’autres plus moches, avouons-le). Aujourd’hui, un enfant qui a du + 10 dans une petite monture en cellulose peut avoir des verres avec une épaisseur de + 2. En plus, on est dans une ‘bonne’ mode qui favorise les lunettes avec un grand champ de vision. Donc les enfants voient bien, partout, sans devoir regarder au-dessus de leurs verres. On a beaucoup de clients enfants ici et c’est un plaisir chaque fois. Les gosses deviennent nos potes, on se tape la main », raconte encore cet opticien passionné.

Cache-cache œil

Mais comment savoir si nos petits choux doivent porter des lunettes ? « Si l’enfant louche dès la naissance, il a peut-être un strabisme. Parfois, la peau de la paupière d’un tout-petit cache le blanc de son œil quand il regarde sur le côté. Les parents croient qu’il louche mais ce n’est pas le cas. Il existe un test simple pour savoir si un œil voit ou pas : il suffit de cacher un œil de l’enfant avec une main. S’il accepte cette main, c’est qu’il voit bien. Si au contraire, l’enfant essaye de tourner la tête ou d’enlever la main, on peut fortement suspecter que l’œil caché est le bon et que l’autre ne voit pas bien.
Et si l’enfant ne voit pas bien, on prend rendez-vous chez un ophtalmologue pédiatrique. Oui, chez un vrai ophtalmologue qui donnera une prescription à présenter à l’opticien. Car les opticiens ne sont pas équipés pour tester la vue des enfants. Une fois la prescription reçue, on peut agir. Et dans la plupart des cas, le plus tôt, c’est le mieux.
Aujourd’hui, il n’y a plus d’ado strabique, car les enfants qui louchent sont pris à temps. Les parents sont inquiets et actifs très vite, précise l’ophtalmologue. Mais s’il n’y a qu’une petite différence de dioptrie entre les deux yeux, on peut attendre les 3 ans de l’enfant avant de corriger. Il n’est pas nécessaire de traiter très tôt les enfants hypermétropes. Leur cristallin est tellement élastique qu’ils peuvent compenser eux-mêmes. Si un enfant hypermétrope ne louche pas et qu’il ne se plaint pas, il n’est pas urgent de le prendre en charge.
L’avantage de l’hypermétropie chez les enfants, c’est qu’elle s’estompe avec le temps. Donc il est fréquent que des enfants mettent des lunettes quelques années, puis plus du tout à partir de 8-9 ans. Pour les myopes, par contre, c’est différent. On reste myope à vie.
Si le strabisme diminue, la myopie reste assez répandue dans nos contrées. La faute à qui ? Aux écrans, entre autres, ça a été maintes fois démontré. Mais aussi au manque d’exposition à la lumière naturelle. On connaît la recette : moins d’ordi et de console au profit de jeux d’extérieur ou de balades en plein air. Allez, hop, tous dehors !